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La Recherche

de Terry BURI

On m'a traité de fou et on s'est ri de moi. On m'a jeté à la figure toutes les conneries que racontaient les anciens de ces lieux. Des anciens qui n'ont fait qu'observer le temps qui passe sans se soucier jamais de la grande aiguille qui restait statique. Les autres ne semblent pas comprendre la profondeur de mes pensées. Il m'est arrivé souvent de me demander s'il leur était possible de penser. De réfléchir. D'user de ce fabuleux outil qui me permet d'entendre cette voix qui raisonne en moi uniquement. Elle me guide. Elle me conseille. Elle m'interdit aussi quelques fois. Comme avec eux. Je n'ai pas le droit de leur dire ce que je cherche obstinément depuis toujours je crois. Mais elle a raison, et c'est bien pour cela que je l'écoute. Si je leur avouais la vérité, ils me châtieraient bien plus violemment.

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Alors je les évite. Je baisse les yeux lorsqu'ils s'approchent. Ainsi, je continue sans cesse de me diriger là où ils ne sont pas. Je marche sur des sentiers que leur pied n'a jamais foulé. Je vois le sable s'éparpiller sur un chemin vierge et me laisse conduire par les grains qui dansent devant moi. Lentement mais sûrement. L’œil ouvert et le pied ferme. Le buste droit et les épaules statiques. Je peux enfin lever le front. Je suis seul. Une fois de plus.

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J'ai conscience du temps qui passe. J'en ai parfaitement conscience. Plus conscience que ces autres idiots qui ne font que le regarder passer. Enfin, c'est ce qu'ils croient. Ils ne voient rien. Ils observent une aiguille qui ne bouge pas. Qui n'a jamais bougé. Et qui ne bougera jamais. Ils sont obnubilés par une idée inexistante. Heureusement, je ne suis pas comme eux. J'ai conscience du temps. Pire encore, je le comprend maintenant. Ce n'est pas palpable. Ce n'est pas visible. Ça n'existe que lorsqu'on le désire. J'ai simplement besoin de demander à ma petite voix de compter. De compter lentement. Ou plutôt doucement. Sans précipitation. Et là, je fais apparaître le temps.

Mais je préfère le faire taire pour l'instant. Car il n'est rien de plus effrayant, mais fascinant que lui. Et je ne peux pas tomber dans son jeu sans y être coincé. Pour le moment, j'ai autre chose à faire.

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Le temps m'a effrayé le jour où j'ai pris conscience qu'il pouvait jouer sans que je l'invoque. En effet, si tout ceux qui voient le même horizon que moi ont perdu conscience du temps. Si tous ces idiots qui observent l'aiguille. Si tous ces bourreaux qui me pourrissent. Si tous ces gens qui ont perdu l’essence même de l'humanité n'entendent plus rien, c'est parce que le temps ne veut plus rien dire pour eux. Et moi, je l'ai compris. Je ne me souviens plus quand. Je ne me souviens plus où. Je ne me souviens plus ce que je faisais. Je ne me souviens plus pourquoi j'y ai pensé. Je ne me souviens plus si j'y pensais. Je ne me souviens plus de rien. Mais je sais ce que je cherche à présent. Et chaque fois que l'horizon s'éteint, j'y pense à nouveau pour ne pas oublier.

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J'ai beau tenter de m'éloigner, je finis toujours par revenir au point de départ. J'essaye de toutes mes forces de fouler de nouvelles terres, mais je reconnais ces paysages. Je m'efforce de chercher une direction qui m'est inconnue, mais je sais où m'emmène chacune de ces routes. Il y a un assombrissement qui croît en moi. Qu'est-ce que cela ?

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A chaque fois que l'horizon s'éteint, je sens que cette ombre perd de sa force et que je gagne en lumière. Une lumière qui me permet de me relever et de m'avancer. Sans même réveiller la voix, j’obéis à mon corps et recommence mes recherches. Mais c'est toujours la même chose. J'ai l'impression que mes yeux ne sont plus capables de découvrir. Seulement de revoir, encore et encore, les mêmes choses. Quand est-ce que je parviendrais à trouver ce que je désire trouver ? Est-ce possible ?

Je marche encore. Je ne distingue plus la voix entendue par mes oreilles, de la voix qui raisonne en moi. Mes yeux ne semblent plus distinguer non plus ce qui se trouve juste devant. J'ai l'impression de n'avoir jamais éprouvé de telles sensations. Est-ce une découverte ?

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Je sens que c'est ferme et résistant sous mes pieds. J'avance. 

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Car c'est en cela que je me définis en réalité. J'avance. Je ne sais pas où je vais. Mais j'avance. Je ne sais pas qui je suis. Mais j'avance. Je ne vois rien. Je n'entend rien. Je ne ressens rien. Je suis incapable de me faire entendre. Je suis incapable d'éprouver. Je ne sais que suivre des mirages. Je sais ressentir la peur. Je connais la honte. Mais j'avance toujours. Car je ne sais faire que ça.

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Si je n'avance pas, je ne suis qu'un idiot qui regarde une aiguille statique.

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La Recherche

Bien le bonjour à vous ! Voici ma première publication et j'avoue être un peu nerveuse. J'espère que cela vous aura plu. N'hésitez pas à laisser un commentaire, que je transmettrai à l'auteur, et abonnez-vous pour ne manquez aucune publication !

Bonne continuation sur le site.

Nils K.

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